• Le Monde

    Libérez-vous des idoles !

     

    Certes le monde, en son fond dernier est une création divine. Tout y est foncièrement bon et susceptible de servir au bien de l’Homme. Mais l’Homme lui-même a organisé le monde, pour autant qu’il en était capable, non pas selon les vues de Dieu mais selon ses vues à lui : des vues de convoitises égoïstes et d’orgueil.

    Et maintenant le monde est organisé ainsi, le monde résiste à l’Homme lors même que l’Homme voudrait le changer. Ainsi l’Homme, lorsqu’il voit le bien qu’il désire accomplir, se trouve-t-il pris entre deux forces opposées. L’une est au-dedans de lui, c’est ce que St Paul appelle « la chair » cette seconde nature que des habitudes mauvaises nous ont construite et qui rendent si difficile, à la source même, l’accomplissement de nos meilleurs désirs. Mais, si même il arrivait à dominer sa « chair » l’Homme trouverait encore en face de lui le « Monde ». D’autant plus que le « Monde » s’est accordé à l’Homme charnel, il résiste à l’Homme spirituel, qui plus il est « perfectionné », comme il l’a été par l’Homme charnel, plus le monde est devenu comme une machine diabolique pour empêcher l’Homme lui-même de redevenir spirituel.

    … Tant que le monde est ce qu’il est, et la « chair » de l’Homme ce qu’elle est, ces applications tournées pour satisfaire seulement nos appétits de jouissance ne feront pas avancer d’un pas le règne de la véritable charité. Elles nourriront de nouvelles convoitises, elles encouragent de nouveaux orgueils… loin de préparer magiquement l’éclosion de l’Esprit dans le monde, elles lui rendent par là plus difficile sa manifestation, plus nécessaire des ruptures toujours plus douloureuses.

    Car ici, nous sommes nécessairement en route pour rompre avec la fatalité d’un monde comme il va, de la chair telle qu’elle est, il faut une percée dans le monde, qui prépare pour l’Homme une trouée hors du monde. L’Homme qui se laisse absorber dans les vues du monde, lesquelles ne sont qu’une coagulation où nous emprisonnons nous même les mirages de la chair, ne sera jamais libre. Jamais libre à l’égard du monde, il ne pourra sauver le monde, mais dans son adhésion aveugle au monde, il ira vers sa propre perte avec lui.

    Pour sauver le monde, l’Homme doit être libéré du monde. Mais il ne peut l’être que par une prise de conscience que le monde, plus il va, s’arrange pour rendre ceci impossible à l’Homme.

    Il faut donc une intervention, qui nous saisisse d’en haut, qui nous enlève à nous même en nous détachant du monde. Cela ne veut pas dire que nous serons nécessairement ôtés du monde. Mais que nous resterons dans le monde en n’étant plus du monde. Mais quelle peut bien être cette victoire sur le monde, qui soit notre propre victoire, et qui cependant nous dépasse à ce point ?

    « Notre victoire sur le monde c’est notre foi » (I Jean 5, 4).

    Nous libérant du monde, elle nous donnera, dans le monde lui-même, la seule possibilité concrète de le sauver en nous sauvant nous même. Certes, elle rendra notre présence, notre témoignage, singulièrement intempestif, aux yeux de ceux qui ne pensent qu’à flatter le monde, mais l’intempestif n’est pas l’inactuel. A des moments aussi tragiques que celui où le monde est parvenu, c’est ce qui peut paraitre le plus intempestif qui est peut-être le plus actuel : car nous sommes au moment où si le dormeur ne se réveille pas en sursaut, il peut passer du sommeil à la mort.

    « ObéissanceEpigénétique »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :